CROISEURS LOURDS CLASSE TAKAO
(JAPON)Le croiseur Takao avec la silhouette caracteristiques des croiseurs lourds nippons : une cheminée penchée et une cheminée droite Avant propos Quand le Commodore Perry force l'entrée de la baie de Tokyo en 1853, les japonais les plus lucides comprennent que le pâys du soleil levant n'à que deux alternatives qui s'offrent à lui : soit finir comme la Chine, ridiculisée par les puissances occidentales, gangrenée par la corruption et s'enfonçant dans une décadence tout en ressassant une histoire glorieuse ou s'adapter au monde moderne pour tenir tête aux puissances européennes et aux Etats Unis.
L'empereur Meiji choisit la deuxième solution en dépit de fortes résistances interieures qui pronait un immobilisme au nom de la tradition. Les «modernes» ne font pourtant aucunement l'impasse sur les traditions de l'archipel et c'est d'ailleurs là l'originalité du modèle japonais : utiliser les technologies occidentales pour préserver une société et une culture traditionelle. Pour ne pas perdre de temps, les japonais commencent par copier les puissances occidentales et l'armée et la marine ne font pas exception à la règle.
Si l'armée de terre est davantage influencée par la Prusse, la marine est influencée par la France et bien sur l'Angleterre, la reine des mers à cette époque. Si elle emprunte le concept du torpilleur léger à la France, la Nihon Kaigun ne commet par l'erreur de laisser les français lui fournir des cuirassés, confiant ce rôle aux anglais qui vont ainsi fournir le premier croiseur de bataille japonais, le Kongo avant que le Japon ne construise chez lui ses trois sister-ships.
Rapidement les japonais comprennent qu'une guerre contre les Etats Unis est inévitable pour le contrôle de l'océan Pacifique. En dépit d'une infériorité industrielle criante, le Japon se lance dans une course aux cuirassés avec les Etats Unis, chaque mise sur cale répondait à une autre.
Rapidement pourtant les deux puissances et la Grande Bretagne s'entendent pour limiter la course aux armements navals. Une conférence se réunit à Washington et aboutit à la signature d'un traité le 15 février 1922 qui limite le tonnage des cuirassés et surtout leurs capacités : 35000 tonnes et canons de 406mm. Par ailleurs le traité considéré comme cuirassés, tout navire déplaçant plus de 10000 tonnes et armés de canons d'un calibre supérieur à 203mm.
Avec le recul on peut se demander si ce programme japonais était viable dans la durée car il ne suffit pas de construire des dizaines de cuirassés si ils passent les trois quart du temps au port. Quand on voit que les Etats Unis, bien plus industrialisés ont renoncé à un programme moins important numériquement parlant sans trop de difficultés, on peut légitimement se demander si ce programme n'aurait pas eu pour seule conséquence d'épuiser l'industrie japonaise et le pays.
Genèse des Takao Le nombre de cuirassés étant limité, les différents pays vont se mettre à construire un nombre toujours plus grand de croiseurs lourds flirtant voir dépassant les limites admises (les exemples du peu de sincérité des signataires de ces traités sont légions), des navires peu protégés (d'où leur surnom de thin clad battleship ou cuirassé en fer blanc) déplaçant 10000 tonnes et armés de canons de 203mm.
Le traité de Washington marque également la fin de l'alliance signée en 1902 entre le Japon et la Grande Bretagne puisque Londres abandonne son allié japonais qui doit digérer le fait de n'être considéré que comme la troisième puissance navale mondiale.
Cette émancipation est aussi technique et technologique puisque si les anglais accueillent avec septicisme le croiseur lourd (ils ont des besoins tels en croiseurs pour protéger les lignes de communication et leur Empire qu'il le trouve trop gros sous entendu qu'ils ne peuvent en construire suffisament pour satisfaire les dits besoins), les japonais l'accueillent avec enthousiasme, eux qui ne possédaient jusque là que des croiseurs légers armés de canons de 140mm utiles pour conduire au combat des flottilles de destroyers mais sûrement incapables de soutenir un affrontement prolongé.
En l'absence de cuirassés, le croiseur lourd semble devenir le roi des mers et la marine japonaise ne perd pas de temps à mettre sur cale des croiseurs qui répondent aux limites du traité de Washington.
Le Kako de la marine japonaise Ils construisent d'abord les croiseurs de classe Kako et Aoba. La première classe composée de du Kako et du Furataka est mise en service en 1926 avec pour armement six canons de 200mm en six tourelles simples puis six canons de 203mm en trois tourelles doubles (deux avant et une arrière).
Ils sont suivis par les deux navires de classe Aoba, les Aoba et Kinugasa armés de six canons de 200mm en trois tourelles doubles
Le croiseur lourd Aoba Ces navires vont cependant être rapidement dépassés par les constructions étrangères, généralement armés de huit canons en quatre tourelles doubles. Les japonais suivent cet exemple et construisent la classe Myoko (Myoko Nachi Aguro et Ashigara) armés de dix canons de 200mm en cinq tourelles doubles (trois avant et deux arrière) imitant ainsi les américains qui avaient armés leurs Pensacola de dix canons de 203mm en deux tourelles doubles et deux tourelles triples.
Ils suivent leur lancée en construisant ensuite une version améliorée des Myoko, la classe Takao composée elle aussi de quatre navires baptisés Takao Atago Maya et Chokai.
Le croiseur lourd Nachi lors de ses essais à la mer