Coucou les gars, des nouvelles du plateau !
Je viens d'enchaîner trois jours de figuration, le moins que l'on puisse dire c'est que je n'en ferais pas mon travail !!! C'est un travail de bagnard le cinéma... La journée oscille entre 10 et 15h. Tu es en costume et il fait froid ? Ben il fait froid... Ah demain il fait chaud ? Alors tu as chaud. Quoi il pleut. Ça ne fait que huit fois que l'on refait la prise !
On cherche deux dockers, toi tu vient, toi aussi, non pas toi... Ça tombe bien ça fait juste deux jours qu'il n'a pas fait une seule prise, dos en compote, plus de pieds, prise de conscience de l'existence de certains muscles du coup.
Définition du figurant : mobilier vivant, on est susceptible d'avoir besoin de toi très souvent. Ou pas... Et c'est bien le "ou pas" qui fait la différence !
Et je dois dire que je fais partis du "ou pas", la raison est simple, il faut être toujours à l'affût de ce qui se passe, toujours dans le champ des assistants figu', quand ils tournent la tête, ils te voit et tu les regardes. Tu es quasiment sûr de faire plusieurs prises dans la journée. Ça n'enlève pas les heures d'attente, tout dépend du réal' (réalisateur) bien sûr.
Mais tout ça reste magique ! L'ambiance d'un tournage à gros budget avec une équipe très sympa et un réal' cool. On est relativement en paix avec des consignes souples. Sauf pour les photos... Alors là ...
Avant hier un figurant a posté une photo qu'il a envoyé sur Instagram... En quelques minutes le directeur de production lui ai tombé dessus et... Il s'est prit une engeulade d'un bon niveau et bien sûr, viré sur place. C'est écrit dans le contrat, pas de photos, ni de films sur le plateau. Il risque des poursuites judiciaires. Ça en a refroidit plus d'un. Moi je laisse mon portable dans la loge, comme ça pas de tentation inutile.
Je disais donc, l'ambiance d'un tournage, peut-être que certains ont déjà fait de la figuration, ça leur parlera donc. Le truc le plus bizarre c'est le mixe époque (1942) / moderne, partout où le regard porte ce n'est que soldats Allemands, marins, sous-mariniers, soudeurs et dockers. Un U-boot de types 7C dans l'alvéole, des motos, des camions, un atelier plein de torpilles, des machines outils, des caisses estampillées Nationale Socialiste. Bref l'occupation à plein nez... J'avoue que c'est très impressionnant, et pour qui cela veuille dire un tant soit peu quelque chose, ça fout des frissons, tu prends une claque.
Et en même temps le moderne, des lumières partout, d'énormes câbles électrique serpente dans toutes les directions, des chariots de travelling, des moniteurs, répétiteurs, micros et bien sûr des caméras avec des objectifs à faire pâlir les photographes amateurs !!! La caméra ? 30000€, l'objectif ? Oh, un petit 50000€..... Franchement ça claque méchamment tout ça.
Un plateau de tournage c'est... Un foutoir indescriptible et pourtant tout fonctionne. Il y a un nombre incroyable de techniciens à tout postes. Il y a même quelqu'un pour ventiler et diffuser la fumée de la boîte à fumée. Le mec donne dès coup d'éventail géant à la sortie de la boîte pour diffuser la fumée dans l'alvéole, je l'ai vu faire ça trois jours d'affilés pendant 15h... Ouais, il y a quelqu'un pour ça...
Ça galope dans tout les sens, ça parle Tchèque, Anglais, Allemand et Français ! Et d'un coup, tient vient ici toi, tu porte cette caisse la-bas, etc...
Alors c'est là que tu entre en action ! Tu as une position de départ à respecter à chaque prise. Tu fais toujours la même action, se rappeler qui on croise à quel moment pour les raccords de prises suivant les plans de vus.
Le réal crie :
- Stand-bay ! Tout le monde se position.
- Rolling ! Ça tourne, le clap (l'homme) se positionne et nomme la prise devant caméra, le clapman (un autre homme) voit et entend dans son moniteur et si ok dit "clap" dans son micro, et le clap (l'homme) fait le clap (avec l'objet bien connu).
- Background action ! La figuration démarre, les acteurs aussi.
- An action ! C'est l'action, le plateau est en silence total, les acteurs jouent.
- Cut ! Couper.
Soit on a droit à un "Perfec" et c'est bon, le réal est satisfait, soit un "again" et on refait. On refait à minima quatre à cinq fois un prise, puis il arrive fréquemment que l'on refasse une prise mais avec un angle de vu différent. Puis les prises uniquement son. Bref sur trois jours de tournage on ne fait que quelques minutes de film. Et encore...
Au début c'est compliqué de faire semblent de ne pas faire semblent. Être naturel avec tout ce monde et toute ces caméras c'est difficile... Puis on oublie le drone qui te passe au-dessus, les spots partout, les perchistes et autres assistants. On rentre dans un jeu, on joue, on oublie l'environnement moderne, on s'y crois !
Demain sera mon dernier jour de tournage, malgré les attentes parfois très longue il me tarde de retourner sur le plateau.
En résumé voici les scènes auquel j'ai eu la chance de tourner.
- Le jeudi était consacré au retour du sous-marin (avec les acteurs principaux), donc prises de vus extérieurs de l'U-boot dans le bassin avec drone. Puis l'entrée de l'U-boot dans l'alvéole, là je suis bien placé car je dois, avec trois autres, mettre en place la coupée, puis les trois officiers (commandant, second et le chef) débarquent en passent devant moi. Puis on fait aussi le départ, et encore des prises avec le sous-marin amarré. Souvent je suis sur le quai à porter des caisses ou à lover des amarres.
- Le vendredi est consacré aux scènes avec les ateliers torpilles et préparation du sous-marin pour son départ. Ça soude de partout, des étincelle sur le sous-marin, on vide un camion, on déplace plein de caisses, on bouge un chariot de torpilles, etc. Donc animation du bunker, de la vie et du monde partout !
- Samedi, on est sûr de l'extérieur. 250 figurants !!!!!! C'est énorme... On accueil un sous-marin rentrant de patrouille (un autre sous-marin), donc les civiles entre en action, haie d'honneur, passage en revue du commandant de la base, des fleurs, des infirmières, des sous-mariniers, du monde, du monde, du monde...
Puis c'est le bombardement de la base par la R.A.F. (Tout en post-production, pas d'avions ni de pyrotechnique mais des tonnes de fumée). Seul les civiles et les militaire sont conviés à hurler et courir sur le quai toute la sainte journée, les dockers eux sont de l'autre côté de la base et simule le déblayage des débris du bombardement. On a donc des gravats et on s'active autour. On fait aussi la fin de journée, ou la relève de l'équipe, on fait aussi du fond vert avec des soldats et des dockers ou l'on simule de parler, bouger etc. pour intégrer tout ça dans le film.
Et puis lundi, mais ça on verra demain ! On m'a demandé si je pouvais être en hauteur. Après les 50 mètres de l'Hermione à torcher de la voile, oui, le haut de la base qui ne bouge pas et de jour ne m'impressionne pas un poile... Peut-être donc une jourée en hauteur pour demain !
Voilou, pas plus.