La bataille de Samar

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Version du 13 décembre 2015 à 21:25

C'est à 00:35, le 25 octobre 1944 que Takeo Kurita avait franchi le redouté détroit de San Bernardino. Ayant six heures de retard sur le plan Sho-Go et se sachant repérés, l'heureuse surprise des japonais avait été intense en ne trouvant à la sortie du détroit ni sous-marins à l'affût, ni cuirassés américains pour lui barrer le T. Restaient les porte-avions de Halsey, dont ils n'avaient, sur eux, aucune information, aucune hypothèse si petite soit-elle.
Lorsque vint l'aube, tombait un message du vice-amiral Shima :

- Escadre Nishimura anéantie.

Kurita ne recevrait plus aucune nouvelle de la fameuse pince sud de la tenaille qui devait pulvériser les américains.

Sommaire

Cuirassés versus porte-avions

A 06:30, dans le camp américain on avait déjà fait décoller de Taffy 3 les appareils de patrouille ASM lorsque le radariste d'un Avenger avise son pilote, l'enseigne de vaisseau Jensen, qu'il obtient de forts échos sur son scope. Bien que ceux-ci soit en dehors de leur secteur, Jensen décide d'aller "renifler" la piste.
A 06:44, Jensen identifie l'escadre japonaise, rend compte de son observation et largue les seules armes dont il dispose, des charges de profondeur sur le cuirassé Haruna, puis s'enfuit sous les éclatements d'obus de DCA.
Au même moment, sur la passerelle du navire-amiral Yamato, les veilleurs voient émerger sur l'horizon des mâtures, puis des dizaines de mâtures, enfin des coques carrées.

- Amiral, une grande escadre ennemie ! Il y a là 6 ou 7 porte-avions, avec de nombreux croiseurs lourds et des destroyers !
- Et un ou deux cuirassés ! Ce ne peut être que la flotte de Halsey !

C'est la stupeur au sein de l'état-major de Kurita : l'appât d'Ozawa avait donc échoué et ils se trouvent face à Halsey qui leur tend un piège. Mais le rêve le plus improbable de Kurita va peut-être se réaliser. Au lieu d'être harcelé comme la veille par des appareils venus d'au-delà de l'horizon, voici que l'ennemi est à portée de ses formidables canons pouvant expédier des obus de plus d'une tonne et demie à 35 km de distance. Kurita n'a plus le choix.

- Augmentez la vitesse à 24 nœuds ! Chasse générale ! Attaquez !

Contrairement à ce que pense Kurita, ce n'est pas la III° flotte de Halsey, avec ses porte-avions lourds et ses cuirassés; elle s'éloigne depuis 21:00 vers le nord à la poursuite d'Ozawa. C'est la petite escadre Taffy 3 de 6 porte-avions d'escorte et 7 destroyers du contre-amiral Clifton Sprague qui couvre les approches nord-est du golfe de Leyte et se trouve en danger d'anéantissement.

L'ordre de bataille japonais

En donnant l'ordre de chasse général, Kurita ne prend pas vraiment le temps de positionner son escadre en vue d'une action concertée des différentes divisions placées sous ses ordres. Au contraire, chaque catégorie de navires engage l'escadre de Sprague aussi rapidement que la portée de son artillerie ou sa vitesse le lui permet. Pour l'amiral japonais, il faut agir le plus vite possible afin que ces porte-avions, qu'il croit rapides, n'aient pas le temps de lui échapper. Le temps n'est plus aux manœuvres subtiles pour lesquelles un temps précieux serait dispensé pour leur élaboration.

  • Il ordonne donc au vice-amiral Shiraishi, commandant de la 7ème division de croiseurs (CruDiv7) en tête : Kumano, suivi de Suzuya (flag-ship), Tone et Chikuma) de chasser une position de tir sur l'avant des cuirassés. Shiraishi est rejoint par les rescapés de CruDiv 4 et Crudiv5, les croiseurs lourds Haguro et Chokai. A 26 nœuds, les 6 croiseurs en file indienne entament une manœuvre de contournement, cap provisoire au 085, de Taffy 3. Forts de leur vitesse, les cuirassés [(Kongo]] et Haruna les suivent, le premier sur le flanc bâbord des croiseurs, le second sur leur arrière.
  • Les destroyers demeurent en divisions autour du Yamato et du Nagato, cap au 110, leur vitesse calée sur celle du cuirassé le plus lent, Nagato à 24 nœuds.
    • Sur le flanc gauche, sous les ordres du croiseur léger Yahagi, le 10ème escadron de destroyers (DesRon10) sur deux colonnes : Urakaze, Yukikaze, Nowaki et Isokaze.
    • Sur le flanc droit, sous les ordres du croiseur léger Noshiro, le 2ème escadron de destroyers (DesRon2) sur deux colonnes : Akishimo, Fujinami, Hamanami, Hayashimo, Okinami et Shimakaze.

Branle-bas de combat

A 06:54, à réception du message de l'Avenger et après avoir un instant songé à se dérober au sud, Sprague fait mettre ses porte-avions au vent de manière à faire décoller "tout ce qui vole" pour attaquer les navires japonais. Ordre est donné de se ravitailler ensuite sur Taffy 2 ou sur les plateformes de Tacloban et Dulag à Leyte. Parmi les appareils disponibles, certains sont déjà équipés pour la seconde vague d'appui sur Leyte ou pour la relève des autres missions de reconnaissance. Des avions décollent sans le plein, d'autres avec des grenades ASM ... Une fois en vol, on fait l'inventaire des armements. Rien de conforme aux procédures. L'absence de réplique de la chasse japonaise va sauver bon nombre de ces équipages qui partent à l'assaut en ordre dispersé. Leur seul but est de mettre la pression sur les navires japonais afin de gêner leurs tirs d'artillerie et de retarder l'inéluctable car, à cette heure le TG 77.4.3 est vraiment seul face aux canons de Kurita.
A 06:59, les pièces de 456 du Yamato braquées à 45° ouvrent le feu à 30 000 mètres. La salve tombe entre les porte-avions provoquant d'énormes gerbes de couleur. Comme les français, les japonais utilisent des marqueurs de couleur différente pour identifier le tir de chaque navire. A 07:01, Taffy 3 lance un appel en clair à l'état-major de la VII° flotte. La bataille de Samar commence.

A bord du Yamato, le message est capté :

- Amiral ! Nous venons de capter un appel en clair de l'escadre américaine : "Taffy3. 126°10'E-11°47'N. Sommes attaquéspar flotte ennemie : 4 cuirassés, nombreux croiseurs et contre-torpilleurs à 28 000 mètres dans notre ONO. Demandons secours immédiats.
- En clair ?
- Oui, amiral. En anglais, non codé !
- Cette procédure ne peut que signifier que les américains ont des renforts rapides qui doivent naviguer dans le secteur.



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Sources

  • Les grandes batailles navales de la Seconde Guerre mondiale, par J-Jacques ANTIER.
  • Champs de bataille - Seconde Guerre mondiale n°5 de janvier 2010
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