La bataille du cap Engaño

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'''25 octobre 1944'''. La veille, le vice-amiral [https://fr.wikipedia.org/wiki/Jisabur%C5%8D_Ozawa Ozawa] avait lancé son avant-garde cuirassée, commandée par le contre-amiral [https://en.wikipedia.org/wiki/Chiaki_Matsuda Matsuda], à la recherche des Américains et si possible engager un combat de nuit au canon. Mais Matsuda ne les avait pas trouvés et rallié Ozawa à l'aube du 25 octobre.<br />
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'''25 octobre 1944'''. La veille, le vice-amiral [https://fr.wikipedia.org/wiki/Jisabur%C5%8D_Ozawa Ozawa] avait lancé son avant-garde cuirassée, commandée par le contre-amiral [https://en.wikipedia.org/wiki/Chiaki_Matsuda Chiaki Matsuda], à la recherche des Américains et si possible engager un combat de nuit au canon. Mais Matsuda ne les avait pas trouvés et rallié Ozawa à l'aube du 25 octobre.<br />
== Ozawa enfin repéré ==
== Ozawa enfin repéré ==

Version actuelle en date du 20 novembre 2017 à 22:27

25 octobre 1944. La veille, le vice-amiral Ozawa avait lancé son avant-garde cuirassée, commandée par le contre-amiral Chiaki Matsuda, à la recherche des Américains et si possible engager un combat de nuit au canon. Mais Matsuda ne les avait pas trouvés et rallié Ozawa à l'aube du 25 octobre.

Sommaire

Ozawa enfin repéré

A 07:10. L'escadre japonaise navigue maintenant à 250 milles à l'est du cap Engaño. A bord du porte-avions Zuikaku, vétéran de toutes les grandes batailles, on décode un message du cuirassé hybride Hyuga :

- Raid aérien au sud-ouest. 90 milles.

Sur la passerelle du navire-amiral, Ozawa esquisse un sourire. Il est enfin repéré. Mais le processus de sa destruction est engagé bien trop tardivement. A peine lui reste t-il une soixantaine d'avions, aux pilotes à peine formés, contre les 800 appareils de Halsey.Néanmoins, il ordonne :

- A toute la flotte : cap au nord. Postes de combat anti-aériens. Lancez les bombardiers. Trouvez, attaquez et détruisez l'ennemi !
- Prévenez l'honorable Kurita que les porte-avions ennemis naviguent dans nos parages.

Mais ce dernier message d'une importance capitale, ne lui parviendra jamais. Puis, sans illusion :

- Demandez à Manille de lancer toutes leurs escadrilles pour nous soutenir.

Cette fois,le message passe. L'amiral Fukudome fait décoller ses réserves qui se montent à une cinquantaine d'avions. Mais les pilotes sont encore plus novices que ceux d'Ozawa. Repérés par les radars de la TF-38, ils ne pourront s'en approcher à moins de 80 milles et seront attaqués et détruits par la chasse.
A 08:07, les radars japonais annoncent l'arrivée de 130 avions dans le sud-sud-est, alors que Hyuga détecte une nouvelle formation à 50 milles. Ozawa fait décoller ses 12 derniers chasseurs.
La bataille aérienne est brève. 9 Zéro sont détruits, les autres, refoulés, tombent à la mer en panne sèche, incapables d'apponter. Ozawa ne dispose plus que de ses canons DCA pour sa défense.
A 08:20, 60 avions attaquent le groupe de Matsuda, 80 sur les porte-avions. Les cuirassés tirent avec leur pièces principales des obus au phosphore et des obus cargos qui dépotent dans le ciel d'énormes spirales métalliques destinées à casser les hélices.

La mise à mort

15 bombardiers Helldiver conduits par le lieutenant de vaisseau Bridgers, soleil dans le dos, commencent leur approche en descente à 450 km/h. La DCA réagit vigoureusement. Aussitôt l'escadrille bascule à la verticale, l'un derrière l'autre. Le porte-avions Chitose est frappé de 8 bombes de 450 kg.
Non loin de là, une section bombardiers-torpilleurs de l'USS Intrepid s'attaque au Zuikaku qui prend 3 torpilles et une bombe de 220 kg. Le porte-avions-amiral accuse une gîte de 8° et ne donne plus que 18 nœuds, gouvernail manœuvré à la main et victime d'un incendie dans le hangar n°2. Les communications radios sont coupées.
Le porte-avions Chiyoda a aussi encaissé une bombe mais sans dégâts collatéraux. Le fait que parkings et hangars soient vides d'avions diminue considérablement les risques d'incendie.
Zuiho est atteint par un coup direct derrière l'îlot d'une bombe de 250 kg mais les incendies et le début de gite sont vite maîtrisés. Les deux cuirassés hybrides sont encadrés par les bombes mais aucune ne tombe en plein, grâce à l'habileté de leurs commandants à les éviter.
Les forces légères ne sont pas épargnées. Le destroyer Akizuki, frappé de plein fouet explose et coule. Le croiseur léger Tama, chaudières envahies par la mer, se traîne "le cul dans l'eau".
A 09:30, le groupe Matsuda, chargé de protéger les traînards, reçoit l'ordre de rallier Ozawa alors que les navires US sont à portée de détection visuelle. Les Américains ont perdu une dizaine d'appareils et le reste a apponté pour réarmer.
A 10:25, une seconde vague de 16 Avenger s'en prend au Zuikaku qui réussit à éviter torpilles et bombes. Profitant d'un moment de répit, Ozawa transfère sa marque sur le croiseur léger Oyodo. Pendant ce temps, atteint par plusieurs projectiles largués par les avions du Lexington et de l'Essex, le porte-avions Chiyoda stoppe, machines noyées.
Lorsque à 11 heures le second raid retourne aux ponts-plats, la situation est rapportée par le lieutenant de vaisseau Roberts, leader de l'escadrille de chasseurs du Belleau Wood :

- L'escadre ennemie a repris un semblant d'ordre. Le Zuikaku et le Zuiho gouvernent au 345 à environ 20 nœuds. Ils sont protégés par quatre destroyers. Un cuirassé suit derrière. 20 milles plus au sud, un croiseur léger (c'est le Tama) se traîne à 10 nœuds, perdant du mazout. 5 ou 6 milles plus loin, un second cuirassé et un destroyer tournent autour du porte-avions Chiyoda, à l'arrêt. A 10 milles encore en arrière un croiseur léger tourne en rond autour d'un destroyer désemparé.

A bord du Lexington, le vice-amiral Marc Mitscher donne l'ordre de lancer la troisième vague :

- Il faut en finir avec ces porte-avions. Le TG 38.3 attaquera la force ennemie du nord : ceux du Lexington sur le Zuikaku, ceux de l'Essex sur le Zuiho et ceux du Langley les deux à la fois. Vous devez ralentir les porte-avions tout prix. Le TG 38.4 se chargera ensuite d'achever les traînards.

A 11:45, 200 avions décollent, sus aux Japonais. A 13:10, après avoir survolé et ignoré le cuirassé Hyuga, ils sont au contact d'Ozawa. 9 bombes de 500 kg et 3 torpilles stoppent définitivement le Zuikaku. Le cuirassé Ise encaisse une torpille sans broncher. Zuiho est assailli par une quarantaine d'avions mais, brûlant de toutes parts, il poursuit héroïquement sa route à 20 nœuds. Enfin, un coup le ralentit : à 13:17, une torpille frappe le porte-avions à tribord ainsi que de multiples bombes.
A 13:15, une quatrième vague décolle. Elle arrive sur les lieux alors que le Zuikaku, assommé de coups, finit par couler. A 14:14, par 19°20'N - 125°15'E, le porte-avions sombre entraînant la mort de 794 marins et officiers. Kuwa et Wakatsuki recueillent environ 850 survivants. voir la carte.
4 bombes explosent le long des flancs du Ise tandis que 27 avions s'en prennent au Zuiho. Sa vitesse chute à 12 nœuds et le vaisseau prend l'eau de toutes parts avec une gîte de 13°.
A 15:00, sous 23° de gîte l'ordre d'abandonner le Zuiho est donné. Il coule à 15:26, par 19°20'N - 125°15'E. 58 officiers et 701 marins sont recueillis par le destroyer Kuwa transférés sur le Ise. 208 marins et 6 officiers ont péri.
A 17:00, la cinquième vague survole le champ de bataille. Sur 75 milles, parmi les débris, naufragés et cadavres s'étirent les rescapés de l'escadre d'Ozawa. En vain, 8 chasseurs-bombardiers s'acharnent sur l'Oyodo. Bien des pilotes sont épuisés. Pour la plupart, ils se battent depuis 48 heures et en sont à leur troisième attaque de la journée. L'efficacité chute dangereusement face au barrage mortel des canons anti-aériens du croiseur.
A 18:00, 36 avions de la sixième et dernière vague attaque sans succès l'escadre japonaise reformée qui fuit vers le nord à 20 nœuds. La nuit tombe. Ozawa s'échappe.

Du Bose traque les traînards

A 11:15, lorsque Halsey avait détourné ses 6 cuirassés pour venir au secours de Kinkaid à Leyte et au plus mal couper la retraite de Kurita, il avait pensé à constituer un petit groupe chargé d'achever au canon les unités d'Ozawa endommagées par les porte-avions de Mitscher. Commandée par le contre-amiral Laurance Du Bose, cette escadre rapide était composée des croiseurs lourds Wichita et New Orleans, des croiseurs légers Santa Fe et Mobile, accompagnés des destroyers Bagley, Clarence K. Bronson, Caperton, Cogswell, Cotten, Dortch, Ingersoll, Knapp, Patterson et Porterfield.
Vers 15 heures, l'Avenger du coordinateur Winters dirigeait Du Bose vers le porte-avions Chiyoda pour lequel les destroyers Hatsuzuki et Wakatsuki avaient commencé d'évacuer l'équipage. Le contact radar est rapidement obtenu.
A 16:25, les croiseurs lourds ouvrent le feu à 18 000 mètres, obligeant les deux contre-torpilleurs japonais à prendre la fuite. Le porte-avions, transformé en brûlot refuse de couler. Du Bose détache 3 de ses destroyers pour l'achever à la torpille, puis ordonne à son escadre de prendre le cap au nord à la poursuite des fuyards. Grâce au radar, ils sont trois destroyers repérés à 18:53. Le combat s'engage au canon. Hatsuzuki se sacrifie et riposte seul à 13 000 mètres avec ses 4 tourelles doubles de 100 mm, laissant à penser aux Américains qu'ils ont affaire à un croiseur léger. Pendant que les croiseurs pilonnent le destroyer, les deux japonais s'échappent à toute vitesse. A 21 heures, il est achevé à la torpille.
Mais depuis une heure déjà, Ozawa avait capté ses appels au secours et fait demi-tour avec ses cuirassés.
Alors que Du Bose s'élance à la poursuite des deux destroyers en fuite, leur position éloignée lui est signalée par un avion de reconnaissance. Estimant la chasse inutile et dangereuse, Du Bose fait demi-tour cap sur Leyte. Moins d'une demi-heure plus tard, Ozawa arrive sur les lieux et ne trouve que des débris.

Et les sous-marins ?

Sur les 17 submersibles déployés par le vice-amiral Charles Lockwood, deux meutes de 3 sous-marins patrouillent au nord-est de Luçon : celle du capitaine de frégate John P. Roach, dit "le Pirate", commandant l'USS Haddock et celle du capitaine de frégate Bernard A. Clarey, dit "l'Ecraseur", commandant l'USS Pintado. Partis de Saipan, ils se répartissent le secteur de patrouille dans l'après-midi du 25 octobre.
A 17:42, à bord de l'USS Halibut (capitaine de corvette Ignatus J. Galantin, dit "Pete") en surface, l'opérateur radar signale un contact à 30 000 mètres. Bientôt, les veilleurs aperçoivent les superstructures caractéristiques du cuirassé Ise, couvert par le croiseur léger Oyodo et un escorteur. Galantin ordonne l'immersion périscopique et un cap d'interception.
A 18:44, 6 torpilles sont lancées à 3 000 mètres dont 4 explosent sur trajectoire et 2 se perdent dans la nature. Halibut reprend la chasse mais ne réussit pas à se placer pour le second cuirassé.
A 20:04, l'USS Jallao (capitaine de corvette Joseph B. Icenhower) lance 3 torpilles à 1 100 mètres sur le croiseur léger Tama qui se traîne à 10 nœuds et le manquent. Il récidive 3 heures plus tard avec 3 autres torpilles. Tama coule en 4 minutes par 21°23'N - 127°19'E.
Le lendemain matin, l'USS Trigger (capitaine de corvette Frederick J. Harlfinger) signale l'escadre mais ne peut placer son attaque.

Ainsi s'achève la bataille du cap Engaño.


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